Accueil Historique Danses Musique Costumes Photos Activités Contact

 

 

Un peu d'histoire

D'où viennent nos danses, nos musiques traditionnelles? Comment se sont-elles développées? Qui nous les a transmises?

La danse des hommes remonte à des temps immémoriaux et elle est liée à leur histoire. Elle a pour origine des pulsions biologiques; elle n'existe que par le rythme de la vie du corps de l'homme, par ses battements de coeur, par sa respiration, par sa marche, par ses frappements de pieds et de mains.

Danse de vie, danse de mort, figurative ou non, ces manifestations primitives sont des rites de fécondité, des rites initiatiques, des incantations ou des représentations guerrières.

Les rythmes qui présidaient à ces évolutions ont été rapidement traduits par la voix. Relayée petit à petit par des tambours, des cymbales, la voix cède bientôt la place aux premiers instruments à cordes qui donnent à la danse ses rythmes de plus en plus complexes.

Mais où que ce soit, la musique et la danse restent intimement liées. Le musicien s'impose des règles, le danseur s'en crée.

En Orient, associée au culte et à l'éducation des princes, la danse s'exécute sur des musiques douces et paisibles.
Dans les civilisations antiques, jeunes gens et jeunes filles avaient leurs danses propres. Chez les Hébreux, les femmes dansaient en chantant.



Le tibia (ou flûte) était à Rome le seul instrument musical utilisé pour accompagner la danse

 

Au Moyen Age apparaissent les instruments à vent. On remarque la présence du fifre puis de la cornemuse. La vielle, la harpe inspirent les musiciens qui accompagnent les baladins en Allemagne, en Italie, en France.

Les sociétés s'ordonnent; les classes sociales apparaissent. Les danses suivent la même évolution. Il y a les danses de cour et les danses paysannes, qui s'influencent mutuellement. Elles sont dansées en groupe ou par couples. Les raffinements des unes, la rusticité des autres s'interpénètrent. Les danses deviennent rapidement spectacles organisés d'abord dans les grandes réjouissances de la cour, dans les mascarades et le carnaval, puis au théâtre. C'est la naissance du ballet. On utilise alors pour les airs de danse le luth, la flûte, le hautbois, la viole de gambe.

L'homme de la Renaissance, ouvert à toutes les influences venues du dehors connaît un grand nombre de danses parfaitement expliquées, grâce à l'imprimerie et aux livres écrits par les maîtres à danser de l'époque.

Si le menuet fut un sommet de l'évolution de la danse en France, la bourrée, d'origine populaire née en Auvergne entra dans la bonne société vers le milieu du XVI e siècle.

La valse (du verbe allemand walsen "rouler " ) que l'on dit issue de la " volte ", danse provençale du XVI e siècle, se danse par couple en tournant. C'est au cours du XVIII e siècle que se répand le terme de " valse ", elle n'est alors pas très éloignée d'autres danses vives à 3 temps comme les danses paysannes du sud de l'Allemagne ou des ländlers autrichiens au rythme un peu plus lent.

C'est à Vienne que la valse finit par trouver sa patrie. Danse à la fois noble, distinguée, voire voluptueuse, elle triomphe sous sa forme entraînante et rapide au XIX e siècle tout particulièrement avec les productions de la famille Strauss. C'est à cette époque également que naissent d'autres danses de société qui sont les polkas, les mazurkas ou les polonaises.

Et pendant ce temps que se passe-t-il chez nous ?
Rappelons que pour nos ancêtres l'existence était rude et que pour eux, ce n'était certainement pas ce " bon vieux temps " que l'on a tendance à évoquer aujourd'hui. Vivant chichement, quasiment en autarcie dans une vallée d'accès difficile et au climat plutôt humide, les habitants du Val d'Illiez se consacraient à l'élevage du bétail et à l'exploitation des forêts.

Même si quelques-uns d'entre eux eurent l'occasion de se rendre à l'Abbaye de Saint-Maurice pour parfaire leur éducation, l'une des seules voies possibles pour découvrir le monde au delà de l'embouchure de la Vièze était de s'enrôler au service militaire à l'étranger.

 

Mercenaires à la parade


Dans la plupart des cas, cet engagement n'était d'ailleurs pas un choix délibéré, mais bien plutôt l'unique moyen de survivre dans une économie incapable de nourrir tous ces enfants. Ne dit-on pas qu'à cette époque les Suisses étaient les " saisonniers " de l'Europe.

On connaît peu de choses sur la vie de ces mercenaires au service des royaumes et des empires étrangers, mais on peut sans crainte affirmer que ce sont eux qui ont rapporté dans notre vallée la culture chorale et musicale que nous entretenons encore aujourd'hui.

Comme on l'a vu plus haut, la danse et la musique occupaient une place importante aussi bien à la cour que dans les classes les moins privilégiées. Aussi, semble-t-il naturel que ces exilés, en âge de goûter aux plaisirs de la vie et pour tromper leur ennui pendant leurs périodes de repos se soient mêlés à ces réjouissances et qu'ils en aient appris les principes. ( Que font d'autre nos jeunes en cette fin du XX e siècle ? )

Ainsi de retour au pays après des engagements qui pouvaient durer jusqu'à dix ans et plus, ces valeureux mercenaires ont rapporté, à côté parfois de blessures ou de maladies, le souvenir de ces heures joyeuses ou mélancoliques passées à chanter autour du feu de camp. Le souvenir de ces folles sarabandes les soirs de victoire où le vin coulait à flots, où les filles étaient belles et où l'on dansait des nuits entières.

Considérés souvent comme des héros par ceux qui étaient restés au pays, beaucoup ne se lassent pas de conter, souvent en les enjolivant, les récits de leurs exploits. En même temps ils se retrouvent entre eux pour chanter les airs souvent nostalgiques, que l'on chante encore de nos jours; pour jouer sur des instruments parfois aussi divers qu'hétéroclites les airs qui aujourd'hui encore constituent le répertoire de notre "vieille musique".

Et puis il y a les filles qu'il faut impressionner. Elles aussi veulent apprendre à danser, veulent s'habiller comme à la ville, veulent être "modernes".

Cela dure jusqu'en 1830, date à laquelle la diète fédérale met définitivement fin au service militaire à l'étranger, punissant même quiconque se rendait engagé en dépit de l'interdiction. Dès lors, ce n'est plus que le soir, pendant les longues veillées d'hiver que l'on continue à entretenir ce culte du souvenir, rallumant sans cesse la flamme, les jeunes puisant à la source des anciens les paroles des chansons, les airs des musiques, les pas et les figures des danses.

C'est ainsi que l'on arrive à la fin du XIX e siècle avec une tradition artistique orale mais bien vivante. Si au départ cette culture a sans doute été importé, sa conservation à travers les ages, son identification à la vie locale finissent par lui donner un droit de cité indéniable et un certificat d'authenticité incontestable.

Nous sommes à l'époque où commence à se développer le tourisme. L'image traditionnelle de la montagne liée à la peur et au mystère s'estompe pour faire place à une soif de découverte. Les séjours à la montagne deviennent à la mode, on construit des hôtels. Le tourisme reste l'apanage des classes fortunées et ces citadins qui mènent une vie faite de divertissement ont besoin de retrouver à la montagne les spectacles, les bals, les fêtes auxquels ils sont habitués en ville. Alors pour distraire ces riches "étrangers" qui sont une aubaine pour l'économie du pays, on fouille les armoires pour retrouver les costumes d'époque, on se met à répéter assidûment les musiques, on peaufine les danses.

Et puis, comme l'église du village a besoin d'être rénovée, on va saisir cette occasion pour soutirer un peu d'argent à ces touristes fortunés et l'affecter à cette noble tâche. Alors, pour la première fois on va présenter en public ce que l'on a jusqu'alors gardé pudiquement pour soi.

Vieux grenadiers en tête on défile fièrement, remontant la rue du village jusqu'à l'Hôtel des Dents-du-Midi, entre une haie compacte de spectateurs enthousiastes.

 

Place de fête vers 1910


Là on s'arrête et la fête commence. Les rubans de la chevillère volent autour du mât dressé pour la circonstance. Danseurs et danseuses tournent au son de la vieille musique. Il fait beau, c'est l'été, le soleil est au zénith, les "anglais" sont ravis et applaudissent.
Nous sommes en 1896 :

Le groupe folklorique de Champéry est né ... Ce n'est qu'en 1943 que l'on adoptera l'appellation Champéry 1830.